mardi 15 janvier 2013

Zadig, LA 3 : Le Bûcher du veuvage


LA n°3 : chapitre 11, « Le bûcher »
p. 36 de « Il y avait alors dans l'Arabie » à la fin du chapitre

La stratégie argumentative de Zadig contre le fanatisme religieux

I. Une critique en forme de conte merveilleux

A. Un récit en forme de conte
*formule d'entrée « il y avait alors dans l'Arabie » et de clôture : « Depuis ce jour »
*respect du schéma narratif
*dénouement heureux
*morale de conte de fée : l'amour triomphe de la mort
*personnages stéréotypés : Zadig = héros qui vient sauver la princesse Almona

B. La description d'une coutume barbare
*chp lexical de la barbarie , de la cruauté
*Le narrateur porte un jugement de valeur sur la coutume : « coutume affreuse » + « horrible coutume » ; ce jugement est ensuite relayé par Zadig (point de vue interne) : « usage si barbare »
*chp lexical du feu + répétition du verbe « brûler » => souligne l'horreur
*opposition ironique entre la barbarie de la coutume et le caractère festif qui l'entoure => ironie qui accentue la barbarie : « fête solennel » + « au son des tambours et trompettes » !
*la dénomination « le bûcher du veuvage » est elle aussi ironique : nom ironique qui donne un caractère joyeux à un acte horrible
*paradoxe absurde l.7-8 : « la tribu dans laquelle il y avait eu le plus de femmes brûlées était la plus considéré » => accentue encore l'absurdité de cette coutume.
*On utilise un exemple précis, avec une femme belle et jeune, pour jouer sur les sentiments du lecteur (=persuader), susciter la pitié envers cette femme.

C. La description d'une coutume fanatique
*champ lexical de la religion : bracmanes, sainte, dévote, respectable
*Les termes de morale sont toujours employés avec des termes de torture par le feu :
« voulait être sainte, elle se brûlait » l.21 ; « la tribu dans laquelle … le plus de femmes brulées était la plus considérée » l.23
*La coutume est applaudie par le public (c'est la pression sociale qui pousse les femmes à s'immoler)
*Cette coutume est assimilée à un ennemi : champ lexical de la guerre : « menaçait », « envahir » + personnification de la coutume qui « menaçait d'envahir ».
*ironie de la phrase « si elle voulait être sainte » : il n'y a aucun rapport avec le fait de se brûler. D'ailleurs, Voltaire ne fait aucun rapport de cause à effet pour souligner l'absurdité de la chose.

II. L'art de convaincre
A. Un dialogue pour faire surgir la vérité (l'art de la « maïeutique »)
*Beaucoup de discussions avec tout le monde : c'est l'arme de Zadig. Verbes de parole : « parla », « parlez », « alla trouver les chefs », « avoir entretenu »
*-Arguments donnés à Sétoc : 1) « contraire au genre humain » = argument moral ; 2) « veuves qui pouvaient donner des enfants à l'Etat » = argument économique ou social ; 3) Contre-argument de Sétoc = qui évoque l'ancienneté) de la coutume « il y a plus de mille ans » = argument d'autorité, où le temps représente l'autorité (« consacré », « respectable » ), mais Zadig l'emporte avec son dernier argument encore plus d'autorité : la raison est encore plus vieille que cette coutume (conclusion implicite : donc elle est plus respectable encore, donc il faut l'écouter).
*Dans son dialogue avec Almona, c'est Zadig qui mène le jeu : il pose les questions (phrases interrogatives) et dirige les réponses par ses questions fermées (=auxquelles on ne peut répondre que par « oui » ou par « non »). Il utilise la « maïeutique » de Socarte : faire prendre conscience à son interlocuteur que sa position ne tient pas la route.
*Zadig fait semblant de trouver des explications à l'acte d'Almona : l'amour pour son mari ou le plaisir (!!!) à se faire brûler. Il ne s'agit évidemment que d'une stratégie pour la faire convenir qu'il n'y a pas d'explication rationnelle. Il fait ressortir l'absurdité de la décision : Almona n'aimait pas son mari (énumération très péjorative : « c'était un brutal … ») ; elle éprouve de la peur à se brûler (« ah! » + « frémir »)
*La réponse d'Almona se fait en deux temps : négation puis opposition par un « mais » (= conjonction de coordination). Cela prouve qu'elle est obstinée, et cela augmente d'autant le mérite qu'a Zadig à la convaincre. Cependant, elle semble de moins en moins sure d'elle : d'abord cet acte est volontaire : « fermement décidée » puis il semble subi : « il faut en passer par là ».
*Zadig la persuade très rapidement : 1)argument moral : c'est la vanité qui pousse Almona (car elle sa brûle pour être admirée des autres) ; 2) argument épicurien : « faire aimer un peu la vie »
+ euphémisme ironique (« quelque bienveillance pour celui …) = elle est tombée amoureuse de lui. Le dernier argument de Zadig rassemble les réponses d'Almona pour souligner ses contradictions (on est purement dans la maïeutique) et mettre en évidence sa vanité absurde (se brûler pour les autres).

B. Jouer sur les sentiments
*Zadig commence par « séduire »(// il avait commencé exactement de la même manière avec Sétoc : « avec beaucoup de discrétion ») = il fait preuve de beaucoup de psychologie :
Vante ses qualités physique (« beauté », « charmes ») et morales (« constance », « courage ») = chps lexicaux de la louange, de la beauté et des qualités morales.
*La séduction de Zadig fait qu'Almona tombe amoureuse de lui : litote l.39-40 « lui inspirer quelque bienveillance pour celui qui parlait ».
*l.47-49 : ironie : on met en balance la coutume contre la séduction amoureuse pour donner du goût à la vie des veuves.
*Zadig insiste sur la cruauté et la souffrance causée par la coutume pour faire peur à Almona, par l'emploi d'une antiphrase : « plaisir bien délicieux à être brûlée vive ». On est encore dans la persuasion, par la peur ici.

C. Le portrait d'un héros philosophe
*Digne d'être aimé, même d'une dévote (c'est dire !)
*Malgré l'amour que lui porte la belle Almona, Zadig reste fidèle à son Astarté
*Courageux puisqu'il va trouver les chefs des tribus (il n'est pas dit comment il les persuade, mais on lui fait confiance pour accomplir cette tâche avec efficacité)
*Zadig réussit à lui seul l'exploit d'arrêter une coutume très vieille : « on eut au seul Zadig » (adjectif qualificatif qui souligne sa force).
*Chp lexical du raisonnement : « remontra », « le fit convenir que », « ayant fait convenir que », « la raison », « esprit » = triomphe de la raison sur la barbarie
*Victoire de l'argumentation de Zadig : « le fit convenir », « ayant fait convenir »
*antithèse : « en un jour » et « tant de siècles » : souligne encore une fois l'exploit de Zadig.
*Périphrase hyperbolique pour montrer Zadig en héros : « le bienfaiteur de l'Arabie ».
*Formule de fin de conte : « depuis ce temps » : clôt le conte qui glorifie un héros.


Conclusion :
Récit divertissant mais en même temps, dénonciation du fanatisme religieux qui aveugle les gens et conduit à la mort, sans aucune raison !

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