vendredi 5 mars 2010

Le Bûcher, chap. XI de Zadig

Intro
Chap 6 : Le bûcher, extrait de Zadig, Voltaire, 1748
Voltaire, siècle des lumières (18ème)
Mise en contexte : Zadig s'est enfui de Babylone parce qu'il est tombé amoureux de la Reine ; il a été réduit en esclavage et vendu à Sétoc, un Arabe « porté au bien » et doté de « bon sens ».
Cet extrait dénonce certains rites religieux absurdes et irrationnels.
(Problématique possible : Que dénonce cet extrait ?)

1)L'épisode «Sétoc »
Noter l'introduction un peu ironique avec l'oxymore : « son esclave son ami intime »
Sétoc a une croyance absurde : il adore « l'armée céleste, c'est à dire le soleil, la lune et les étoiles ».
Dialogue argumentatif entre les deux amis.

Arguments absurdes de Sétoc :
- « si loin de nous que » (= parce que qu'ils sont loin, alors on doit les adorer) l.8
- astres « éternels »+ « animent la nature »+ « règlent les moissons » (= parce qu'ils sont éternels et naturels)
- « trop brillantes pour que » (= parce qu'ils sont brillants !) l.12

Discours logique de Zadig = représente la raison
- Argument par l’absurde : l.10 et 11 : « Pourquoi ne serait-elle pas … ? » = question rhétorique
- Argument logique : « Et si… vous devez… » l.10 et 11
- Arguments par analogie : « Enfin … roches »l 5 et 6 ; « Ancienne » « éloigné » l 10 et « qui est aux extrémités » l.11 ; « Des eaux… » l 9

Echec de cette argumentation logique :
- Négation répété : « mais » l. 6 et « Non » l.11 par Sétoc
- Argument impossible à contrer car trop absurde « trop brillante pour que » l.12

D'où recours à la persuasion :
Zadig n'a pas réussi à convaincre Sétoc par ses arguments, il met donc en scène une situation absurde : il se met en position de prière (« à genoux ») et prie des bougies (« leur dit »). Il fait la satire de Sétoc (« je fais comme vous » l.16).
Il apostrophe les bougies : « Eternelles et brillantes clartés » en reprenant les 2 arguments de Sétoc (sur la brillance et l'éternité).
Il ignore délibérément Sétoc (« sans regarder Sétoc » l.15) // « je néglige leur maître » l.16-17

Cet apologue persuade Sétoc :

« Que … ? » + « étonné » = la provocation de Zadig est efficace puisqu'elle suscite la réaction de Sétoc : « comprit » + « sens profond » + « sagesse » + « apologue » = Sétoc est enfin persuadé.

=> échec de l'argumentation, victoire de l'exemple (de l'apologue)... ce qui permet en même temps à Voltaire de justifier son propre apologue, Zadig.

2)L'épisode du bûcher

Description du fanatisme religieux
Le narrateur porte un jugement de valeur sur la coutume :
« coutume affreuse » l.19 + « horrible coutume » l.26
Ce jugement est ensuite relayé par Zadig (point de vue interne) : « usage si barbare » l.28

Cette coutume est assimilée à un ennemi : champ lexical de la guerre : « menaçait », « envahir » l.19-20
Les termes de morale sont toujours employés avec des termes de torture par le feu :
« voulait être sainte, elle se brûlait » l.21 ; « la tribu dans laquelle … le plus de femmes brulées était la plus considérée » l.23
Pour ajouter à l'horreur, une pointe de cynisme : « le bûcher du veuvage », nom ironique qui donne un caractère joyeux à un acte horrible (« fête solennel » l.22 + « au son des tambours et trompettes » l.25 !)

Argumentation de Zadig pour arrêter cette coutume :
- Arguments donnés à Sétoc :
« contraire au genre humain » = argument philosophique
« veuves qui pouvaient donner des enfants à l'Etat » = argument économique
- Réponse de Sétoc = un certain fatalisme :
« il y a plus de mille ans » = argument d'autorité, où le temps est l'autorité (« consacré », « respectable ».
- Contre-argument de Zadig : la raison est encore plus vieille que cette coutume (conclusion implicite : donc elle est plus respectable encore, donc il faut l'écouter).

Stratégie argumentative de Zadig envers Almona :
Encore une fois, persuader plutôt que convaincre : Zadig commence par « séduire »(// il avait commencé exactement de la même manière avec Sétoc, l. 5 : « avec beaucoup de discrétion ») = il fait preuve de beaucoup de psychologie :
Vante ses qualités physique (« beauté », « charmes ») et morales (« constance », « courage »).
Puis dialogue argumentatif :
Arguments d'Almona pour se brûler :
- « Il faut en passer par là » (= sens du devoir totalement absurde : pourquoi « il faut »?) l 37
- « Je suis dévote ; je serais perdu de réputation ») l.38
Zadig fait ressortir l'absurdité de la décision :
- Almona n'aimait pas son mari (énumération : « c'était un brutal … » l. 35 )
- Elle éprouve de la peur à se brûler (« ah! » + « frémir » l. 37)
Zadig la persuade très rapidement :
- argument moral : c'est la vanité qui pousse Almona (car elle sa brûle pour être admirée des autres)
- argument épicurien : « faire aimer un peu la vie »
+ euphémisme ironique (« quelque bienveillance pour celui …) = elle est tombée amoureuse de lui.

Portrait moral de Zadig pour finir (on croirait un passage de la Bible, par exemple celui du Roi Salomon) :
- digne d'être aimé, même d'une dévote (c'est dire !)
- loyal envers sa dulcinée (« trop rempli de l'idée d'Astarté »)
- courageux puisqu'il va trouver les chefs des tribus (il n'est pas dit comment il les persuade, mais on lui fait confiance pour accomplir cette tâche avec efficacité)
- Héroïque : « au seul Zadig », « détruit en un jour … durait depuis tant de siècles » (antiphrase), « bienfaiteur de l'Arabie »

Conclusion :
Des Personnages stéréotypés :
- Zadig = raison car arguments tout le long du texte
- Almona = femme du peuple ne vivant que de la religion (dévote) + superficielle
- Sétoc = homme fasciné par des objets mais a su évolué au niveau de Zadig
+ Ironie de Voltaire tout au long du texte.
+ Dénonciation du fanatisme religieux qui aveugle les gens et conduit à la mort, sans aucune raison !

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