lundi 10 mai 2010

Camus, L'Etranger, scène du meurtre

(par Thomas)

Fin de la première partie : de la page 90 « Il était seul. Il reposait sur le dos, les mains sous la nuque » à la page 93 « Et c’était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur ».

Pourquoi Meursault tue-t-il l’arabe ?

1- L’enchaînement des faits est lié au hasard.
C’est une banale promenade, 2 expressions le prouvent : « sans y penser » et « histoire finie ».
Meursault est surpris de voir l’arabe.
Meursault possède une arme pour éviter le meurtre.
Il y a des connecteurs temporels : « dès que », « il y a déjà deux heures ». Ces connecteurs marquent une succession d’événements, il n’y a pas de logique.
Les seuls connecteurs logiques (« mais », « malgré tout ») montrent une opposition entre Meursault et la nature (chaleur).
Tout est lié au hasard : la présence de Meursault, de l’arme, de l’arabe puis le coup de feu.
« Le type de Raymond » : aucun lien entre le narrateur et l’arabe.

2-Meursault est passif
Il n’agit presque pas, il fait très peu de mouvement.
Très peu de « je» + "les yeux", "la peau" ... : éparpillement de son "moi", se son corps.
Meursault manque de volonté : il pense puis « mais » : obstacle qu’il ne surmonte pas.
Un seul sentiment est exprimé : surprise quand il voit l’arabe.
La nature est personnifiée : soleil, mer, chaleur.
Quel serait le mobile du meurtre ?

3-Meursault passe des sensations à des "hallucinations".
Le champ lexical de la vue qui est important diminue.
Le toucher est très présent : douloureux, sauf un toucher agréable : la crosse de l’arme.
Répétition de « front » : esprit, intelligence ; c'est cette partie du corps que touche le soleil.
L’ouïe : « bruit des vagues », « cymbales du soleil », « bruit », « quatre coups ».
Le bruit augmente : de calme à assourdissant.
Le goût : le goût du sel.
Meursault n’intellectualise pas le monde, il le ressent par ses sens.
Il va balancer dans une folie et transformer tout ce qu’il voit. Hallucination entre la vue et l’ouïe. Meursault interprète, il ne l’avait jamais fait.
1ère confusion : « la lumière qui giclait sur l’acier ». Comparaison : « comme ». Métaphore : « le glaive » en parlant du couteau de l’arabe. Hallucination due au soleil, à la lumière. Meursault est agressé par la nature. Connivence entre l’océan de métal et la lame.

4-Le soleil comme un personnage à part entière
Champ lexical de la chaleur : « son bleu de chauffe fumait », « air enflammé », « gouttes de sueur » (influence sur l’ouïe : les cymbales). La chaleur et le soleil l’empêchent d’agir. La chaleur et la lumière sont associées à des verbes de douleur.
Le soleil est comme une force transcendante, il est comme un dieu dans la tragédie.

5- Mouvement et immobilité
Mouvement spatial et temporel.
Le temps est arrêté. Anaphores : « même », « 2 heures ».
Métaphore : « jeter l’ancre ».
Immobilité du temps avec « les vagues paresseuses », « toujours », « de nouveau ».
On a l’impression que le temps est cyclique : « c’était le même soleil ».
Immobilité spatiale : « un peu ».
C’est la nature qui est bruyante : les vagues, le soleil.
La chute de la sueur est à l’origine du meurtre.
Le soleil est presque responsable des mouvements.

6- Rupture d’un équilibre.
Champ lexical de la destination : reprise à la fin du texte : parallélisme entre « tout a vacillé » et « tout a commencé » : prise de conscience du monde.
Le bruit du revolver détruit l’équilibre de Meursault et son bonheur.
Emploi de plus-que-parfait: "avais été heureux" + « avais détruit» : achevé, fini, il ne sera plus jamais heureux.
4 coups : début de quelque chose (comme au théâtre).
Un avant et un après dans l’espace : champ lexical de la frontière.

Bilan
Cette scène a une dimension tragique. La nature déresponsabilise Meursault.
Acharnement problématique : 4 coups supplémentaires. Pourquoi ? Meursault se venge-t-il de son bonheur perdu ? De sa soudaine lucidité ? ...

Problématique :
Pourquoi Meursault tue-t-il l’arabe ?


I- Présence de la nature
a)Personnification du soleil
b)Temps qui s’arrête

II-Passivité de Meursault
a)Responsabilité du soleil/tragédie
b)Inconscience de ses actes
c)Enchaînement dû au hasard

III-Changement de personnalité
a) Des sensations aux hallucinations
b)Début interprétation des choses
c)Sort de sa passivité

autre plan possible :

I-Meursault est une victime
a)Du hasard
b)Du soleil
c)Des hallucinations

II-Dimension tragique de la scène
a)Le temps qui s’arrête
b)Le cadre angoissant
c)Des hallucinations à la tragédie

III-Responsabilité de Meursault
a)Totale passivité de l’arabe
b)Meursault se justifie-t-il après-coup ?
c)le problème des 4 coups supplémentaires

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