mardi 2 avril 2013

LA 4 ou 5 : Dénouement Huis-Clos


LA n° 4 (STI) ou 5 (ES) : le dénouement



p. 93 « Il ne fera donc jamais nuit ? » à la fin

Un dénouement tragique / un dénouement qui ne dénoue rien / Un dénouement qui reprend les thèmes de la pièce.


I.Un trio infernal ou le couple impossible

A. le couple Estelle / Garcin ne peut pas exister à cause de la présence d'Inès :

-E. cherche désespérément l'amour, la protection surtout (vis-à-vis d'Inès) : « Mon amour ! » l. 26 : possessif (s'approprie Garcin)

-Mais Garcin refuse de répondre à sa demande : « laisse-moi » + il s'éloigne d'Estelle par 2 didascalies : « abandonne » l.9 et « repoussant » l.27

-Jeu sur les pronoms l.28, 29 : (tu), « moi » => « elle », « nous » => « je », « t' », « elle » = deux personnes distinctes (E et G), cherchent à fusionner (nous) mais présence d'Inès (elle) qui fait que le trio n'est jamais réductible => G + E + I.


B. Inès rappelle le trio qu'ils forment

-les liens se sont resserrés : ils se tutoient maintenant (ils sont nus les uns devant les autres, se sont tout dit)

- « Morte ! » répété 3 fois, « ni » répété 3 fois

- « ensemble » et « nous » l.45 = les 3 personnages indissociables les unes des autres.

-Estelle et Garcin reprennent exactement ses paroles l. 48 et 52 (« Pour toujours ») et repennent également son rire.

=> Inès montre par la même occasion qu'aucun couple n'est possible, ni elle avec Estelle, ni Estelle avec Garcin.


  1. Le regard comme instrument de torture

A. Le regard douloureux

-Il se sent dévoré par les regards : « ces regards qui me mangent... » l.18 = angoisse de la dévoration, de ne plus s'appartenir, de disparaître dans un autre (dans le regard de l'autre). Personnification du regard qui apparaît comme un ogre.

-Exprime cette peur : « tous ces regards » x2 = comme assailli, interjection « ah! » qui traduit à la fois la surprise et la peur, didascalie « brusquement » (// référence à la scène d'exposition, où G. avait peur que la situation lui saute dessus par derrière p.17).

-didascalie de la l.55 : garcin regarde les deux femmes, puis tous les trois tombent assis sur leur canapé : comme si le regard de Garcin les avait tués => le regard comme arme.

-Le regard prend le dessus sur le rire => la dernière didascalie = « ils cessent de rire et se regardent » l.55

-Le regard de l'autre empêche la mauvaise foi et le mensonge : « tu me verras toujours » l.6 + « tous ces regards » l.17 et 18, « elle me voit » l.29, « les regardant » l.51 => Garcin ne peut pas faire semblant d'aimer Estelle à cause d'Inès qui sait.

B. Les conséquences de ce regard auquel on ne peut échapper

-G. frise la folie : « Je vous croyais beaucoup plus nombreuses » => paranoïa ?

-G. a une prise de conscience : « L'enfer, c'est les autres ». expression qui résume à elle seule la pièce : l'enfer ne tient pas à des instruments de torture physique (rappel des instruments du mythe judeo-chrétien) mais à la souffrance psychologique infligée par « les Autres ».

Expression pourtant à nuancer selon les propos de Sartre (voir doc complémentaires) : ne signifie pas que les autres représent toujours l'enfer, mais dans ce cas précis, oui, puisque Garcin, Estelle et dans une moindre mesure Inès, ne vivent que dans et par le regard de l'autre, ils sont prisonniers de ce regard, ils en dépendent totalement. Or puisque ce regard est négatif (Inès considère Garcin comme un lâche, Garcin repousse Estelle qui repousse Inès) alors les 3 personnages ont une représentation d'eux-mêmes négative, insupportable. Garcin est l'archétype de la victime de cet engrenage : tant qu'Inès le traitera de lâche, il vivra l'enfer puisqu'il ne se considérera lui-même que comme lâche, il ne peut pas se voir autrement.

- Estelle utilise la violence physique, cherche à tuer Inès : Interjection « Ah! » qui marque la rage + didascalie « coupe-papier » et « plusieurs coups » l.32 => première utilisation du coupe-papier = usage détourné de sa fonction usuelle, mais inutilité de l'objet puisqu'il ne peut même pas tuer.

-I. est agressive : elle martelle l'adjectif « morte » en criant (points d'exclamation), la didascalie l. 41 indique son sentiment : « avec rage » ; elle se frappe elle-même, imitant le geste inutile d'Estelle, pour montrer par l'acte ce qu'elle dit avec des mots.

-Elle est la première à initier le rire final : rire absurde, rire de désespoir ? Rire nerveux ? => le rire à trois, qui montre l'absurdité de la situation. Ou le désespoir.

  1. Un dénouement sans fin ou Un destin figé à jamais

A. L'éternité ou l'éternel recommencement

-Monologue de Garcin qui fait écho à la scène d'exposition avec le bronze, la cheminée, et les références aux repésentations populaires de l'enfer => circularité.

-Pourtant Garcin a évolué : « je comprends » l. 14, par opposition à sa naïveté du début « quelle plaisanterie ! » : il a compris le sens de son enfer. Il se méprise lui-même de sa naïveté de départ (« le soufre, le bûcher, le gril ») : rire de mépris l.21 -Phrase finale : « continuons » => enfer éternel,

-Adverbe « toujours » du début de l'extrait et repris par chaque personnage en fin d'extrait.

-Le coupe-papier qui ne coupe pas : vie sans coupure, référence à la scène d'exposition => référence aussi au « tu me verras toujours » de Garcin. Objet hautement symbolique

- « Jamais nuit » l.2 = vie sans coupre


B. Un dénouement tragique

-L'impossibilité d'agir : les objets ne fonctionnent pas (coupe-papier ne tue pas)

G. se sent comme le bronze de barbedienne, immuable, figé pour l'éternité : il est un « en-soi », c'est-à-dire un objet qui ne peut plus changer, il est « réifié » (= transformé en objet).

-Impossibilité d'agir sur son passé : « c'est déjà fait » l.44, avec « déjà » mis en évidence par l'italique.

-« Tout était prévu » l.15 : destin préfixé, non pas le destin de sa vie (Sartre disait que l'homme était « condamné à être libre »), mais le destin de sa mort.

- « Ils » avaient prévu l.15 : transecndance (=puissance supérieure) => tragique

-Mais la transcendante, peut aussi être désignée par « les Autres » puisque majuscule à « Autres » => l'autre nous dépasse, nous possède, à la manière d'un dieu.

- « Continuons » = renforce la dimension tragique, puisqu'ils vont continuer à exister, sans rien changer, juste à être là, comme le bronze de barbedienne. Auncune évolution possible : ils ne peuvent que continuer.


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