vendredi 13 novembre 2009

Textes complémentaires (en lecture cursive)

Voici les textes complémentaires, que vous devez avoir lus :

La Jeune Veuve
La perte d'un époux ne va point sans soupirs.
On fait beaucoup de bruit, et puis on se console.
Sur les ailes du Temps la tristesse s'envole ;
Le Temps ramène les plaisirs.
Entre la Veuve d'une année
Et la veuve d'une journée
La différence est grande : on ne croirait jamais
Que ce fût la même personne.
L'une fait fuir les gens, et l'autre a mille attraits.
Aux soupirs vrais ou faux celle-là s'abandonne ;
C'est toujours même note et pareil entretien :
On dit qu'on est inconsolable ;
On le dit, mais il n'en est rien,
Comme on verra par cette Fable,
Ou plutôt par la vérité.
L'Epoux d'une jeune beauté
Partait pour l'autre monde. A ses côtés sa femme
Lui criait : Attends-moi, je te suis ; et mon âme,
Aussi bien que la tienne, est prête à s'envoler.
Le Mari fait seul le voyage.
La Belle avait un père, homme prudent et sage :
Il laissa le torrent couler.
A la fin, pour la consoler,
Ma fille, lui dit-il, c'est trop verser de larmes :
Qu'a besoin le défunt que vous noyiez vos charmes ?
Puisqu'il est des vivants, ne songez plus aux morts.
Je ne dis pas que tout à l'heure
Une condition meilleure
Change en des noces ces transports ;
Mais, après certain temps, souffrez qu'on vous propose
Un époux beau, bien fait, jeune, et tout autre chose
Que le défunt.- Ah ! dit-elle aussitôt,
Un Cloître est l'époux qu'il me faut.
Le père lui laissa digérer sa disgrâce.
Un mois de la sorte se passe.
L'autre mois on l'emploie à changer tous les jours
Quelque chose à l'habit, au linge, à la coiffure.
Le deuil enfin sert de parure,
En attendant d'autres atours.
Toute la bande des Amours
Revient au colombier : les jeux, les ris, la danse,
Ont aussi leur tour à la fin.
On se plonge soir et matin
Dans la fontaine de Jouvence.
Le Père ne craint plus ce défunt tant chéri ;
Mais comme il ne parlait de rien à notre Belle :
Où donc est le jeune mari
Que vous m'avez promis ? dit-elle.

LF, Fables, Livre VI, 21


Le Rat qui s'est retiré du monde

Les Levantins en leur légende
Disent qu'un certain Rat las des soins d'ici-bas,
Dans un fromage de Hollande
Se retira loin du tracas.
La solitude était profonde,
S'étendant partout à la ronde.
Notre ermite nouveau subsistait là-dedans.
Il fit tant de pieds et de dents
Qu'en peu de jours il eut au fond de l'ermitage
Le vivre et le couvert : que faut-il davantage ?
Il devint gros et gras ; Dieu prodigue ses biens
A ceux qui font voeu d'être siens.
Un jour, au dévot personnage
Des députés du peuple Rat
S'en vinrent demander quelque aumône légère :
Ils allaient en terre étrangère
Chercher quelque secours contre le peuple chat ;
Ratopolis était bloquée :
On les avait contraints de partir sans argent,
Attendu l'état indigent
De la République attaquée.
Ils demandaient fort peu, certains que le secours
Serait prêt dans quatre ou cinq jours.
Mes amis, dit le Solitaire,
Les choses d'ici-bas ne me regardent plus :
En quoi peut un pauvre Reclus
Vous assister ? que peut-il faire,
Que de prier le Ciel qu'il vous aide en ceci ?
J'espère qu'il aura de vous quelque souci.
Ayant parlé de cette sorte.
Le nouveau Saint ferma sa porte.
Qui désignai-je, à votre avis,
Par ce Rat si peu secourable ?
Un Moine ? Non, mais un Dervis :
Je suppose qu'un Moine est toujours charitable.

LF, Fables, Livre VII, 3


"Barbe Bleue" de Perrault : cliquez ici.
OU
"Les fées" de Perrault : cliquez là.


La Parabole du bon Samaritain, Luc, 10, 25-37 :

Et voici qu'un légiste se leva et lui dit pour le mettre à l'épreuve : " Maître que dois-je faire pour recevoir en partage la vie éternelle ?"
Jésus lui dit : " Dans la loi qu'est-il écrit ? Comment le lis-tu ? "
Il lui répondit : "Tu aimeras ton seigneur ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force, de toute ta pensée et ton prochain comme toi-même."
Jésus lui dit : "Tu as bien répondu"
Et lui, voulant montrer sa justice, dit à Jésus : "Et qui est mon prochain ?"
Jésus reprit : "Un homme descendait de Jérusalem à Jericho et il tomba sur des bandits qui, l'ayant dépouillé et roué de coups, s'en allèrent, le laissant à moitié mort. Il se trouva qu'un prêtre descendait par ce chemin ; il vit l'homme et passa à bonne distance. Un lévite de même arriva en ce lieu ; il vit l'homme et passa à bonne distance. Mais un Samaritain qui était en voyage arriva près de l'homme : il le vit et fut prit de pitié pour lui. Il s'approcha, banda ses plaies en y versant de l'huile et du vin, le chargea sur sa propre monture et le conduisit à une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, tirant deux pièces d'argent, il les donna à l'aubergiste et lui dit "prends soin de lui et si tu dépenses quelque chose de plus, c'est moi qui te rembourserai quand je repasserai."
Jésus poursuivit : "Lequel des trois, à ton avis, s'est montré le prochain de l'homme qui était tombé sur les bandits ?
Le légiste dit : "C'est celui qui a fait preuve de bonté envers lui"
Jésus lui dit : "Va et toi aussi fais de même."

OU

La Parabole de l'enfant prodigue, Luc, 15, 11-32 :

[Jésus] leur dit encore : " Un homme avait deux fils, dont le plus jeune dit à son père : "Mon père, donne-moi la part du bien qui me doit échoir." Ainsi, le père leur partagea son bien. Et peu de temps après, ce plus jeune fils ayant tout amassé, s'en alla dehors dans un pays éloigné, et il y dissipa son bien en vivant dans la débauche. Après qu'il eut tout dépensé, il survint une grande famine en ce pays-là ; et il commença à être dans l'indigence. Alors il s'en alla, et se mit au service d'un des habitants de ce pays-là, qui l'envoya dans ses possessions pour paître les pourceaux. Et il eût bien voulu se rassasier des carouges que les pourceaux mangeaient ; mais personne ne lui en donnait. Etant donc rentré en lui-même, il dit : Combien ya-t-il de gens aux gages de mon père, qui ont du pain en abondance ; et moi je meurs de faim ! Je me lèverai, et m'en irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, et je ne suis plus digne d'être appelé ton fils ; traite-moi comme l'un de tes domestiques. Il partit donc, et vint vers son père. Et comme il était encore loin, son père le vit, et fut touché de compassion ; et courant à lui, il se jeta à son cou et le baisa. Et son fils lui dit : "Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, et je ne suis plus digne d'être appelé ton fils". Mais le père dit à ses serviteurs : "Apportez la plus belle robe et l'en revêtez ; et mettez-lui un anneau au doigt et des souliers aux pieds ; et amenez un veau gras et le tuez ; mangeons et réjouissons-nous ; parce que mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, mais il est retrouvé.
Et ils commencèrent à se réjouir. Cependant son fils aîné, qui était à la campagne revint ; et comme il approchait de la maison, il entendit les chants et les danses. Et il appela un des serviteurs, à qui il demanda ce que c'était. Et le serviteur lui dit : "Ton frère est de retour et ton père a tué un veau gras, parce qu'il l'a recouvré en bonne santé". Mais il se mit en colère, et ne voulut point entrer. Son père donc sortit, et le pria d'entrer. Mais il répondit à son père : "Voici, il y a tant d'années que je te sers, sans avoir jamais contrevenu à ton commandement, et tu ne m'as jamais donné un chevreau pour me réjouir avec mes amis. Mais quand ton fils que voici, qui a mangé tout son bien avec des femmes débauchées, est revenu, tu as fait tuer un veau gras pour lui". Et son père lui dit : "Mon fils, tu es toujours avec moi, et tout ce que j'ai est à toi. Mais il fallait bien faire un festin et se réjouir, parce que ton frère que voilà, était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu , et il est retrouvé."

Le jugement du Roi Salomon :
Deux prostituées vinrent vers le roi et se tinrent devant lui. L'une des femmes dit : " S'il te plaît, Monseigneur ! Moi et cette femme, nous habitons la même maison et j'ai eu un enfant alors qu'elle était dans la maison. Il est arrivé que le troisième jour, après ma délivrance, cette femme aussi a eu un enfant. Nous étions ensemble. Il n'y avait pas d'étranger dans la maison, rien que nous deux dans la maison. Or le fils de cette femme est mort une nuit parce qu'elle s'était couchée sur lui. Elle se leva au milieu de la nuit, prit mon fils d'à côté de moi, pendant que ta servante dormait. Elle le mit sur son sein et son fils mort elle le mit sur mon sein. Je me levai pour allaiter mon fils, et voici qu'il était mort ! Mais, au matin, je l'examinai, et voici que ce n'était pas mon fils que j'avais enfanté ! " Alors, l'autre femme dit : " Ce n'est pas vrai ! Ton fils est celui qui est mort et mon fils est celui qui est vivant ! "
Elles se disputaient devant le roi qui prononça : " Celle-ci dit : " Voici mon fils et c'est ton fils qui est mort ! " Celle-là dit : " Ce n'est pas vrai ! Ton fils est celui qui est mort et mon fils est celui qui est vivant ! " " Apportez-moi une épée, " ordonne le roi.
Et on apporta l'épée devant le roi, qui dit : " Partagez l'enfant vivant en deux et donnez la moitié à l'une et la moitié à l'autre. "
Alors la femme dont le fils était vivant s'adressa au roi, car sa pitié s'était enflammée pour son fils et elle dit : " S'il te plaît Monseigneur ! qu'on lui donne l'enfant, qu'on ne le tue pas ! "
Mais celle-là disait : " Il ne sera ni à moi ni à toi, partagez ! "
Alors le roi prit la parole et dit : " Donnez l'enfant à la première, ne le tuez pas. C'est elle la mère !"
Tout Israël apprit le jugement qu'avait rendu le roi. Ils révérèrent le roi car ils virent qu'il y avait en lui une sagesse divine pour rendre la justice.
(Bible de Jérusalem, I Rois, 3, 16-28)


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