dimanche 24 février 2013

Histoire du théâtre

RAPIDE HISTOIRE DU THEATRE
L'Antiquité:
Les origines du théâtre remontent à l'Antiquité. Il a une origine religieuse : en l'honneur de Dionysos, dieu de l'ivresse, de la fertilité et de la fête, étaient données de grandes fêtes appelées « dyonysies », qui se déroulaient au printemps à Athènes. Ces fêtes duraient sept jours durant lesquels avait lieu un concours de tragédies.
Au départ, un seul acteur, le protagoniste, joue tous les rôles et porte un masque pour caractériser les personnages. Les choreutes forment, eux, l'ensemble du choeur : ils ont pour fonction de commenter la pièce comme le ferait un narrateur externe. Ils sont aussi masqués. Les rôles des femmes sont tenus par des hommes puisque seuls ces derniers pouvent jouer. Pour sembler plus majestueux, l'acteur porte des cothurnes, chaussures à semelles très épaisses.
La Grèce antique connaît 4 formes de genres dramatiques : le drame satyrique, le dithyrambe (chant en l'honneur de Dionysos), la comédie et la tragédie.
La tragédie : le terme "tragédie" vient du grec « le chant du bouc ». Le sacrifice du bouc faisait partie du culte que l'on rendait à Dionysos. Ces tragédies antiques sont composées de vers d' "épisodes" (scènes), de dialogues et de poèmes lyriques chantés par le Chœur. C’est Aristote, dans sa Poétique, qui codifie la tragédie antique : son sujet doit être inspiré des grands mythes antiques. Ses personnages sont illustres et vivent des combats, des passions, des douleurs exceptionnelles.
La fonction de la tragédie : elle doit purger le spectateur de ses passions. C'est ce qu'Aristote nomme la « catharsis » : la fin funeste du héros, qui rachète ses erreurs, doit susciter chez le spectateur des sentiments de pitié et de terreur, et avoir un effet thérapeuthique chez le spectateur.

La comédie : il semble que la comédie soit issue des jeux comiques improvisés lors des processions phalliques en l’honneur de Dionysos. La comédie cherche d'abord à provoquer le rire. Elle use de tous les artifices (jeux de mots, déguisements outranciers, etc.) pour y parvenir. La comédie appelée "ancienne" suit un schéma très simple, dont on place l’origine aux anciens rites de fertilité. Il s'y ajoute des plaisanteries triviales ou scatologiques, des tirades satiriques dirigées contre les personnages publics, politiques et une caricature des dieux. Ces comédies politiques perdent peu à peu de leur attrait. Il se crée alors une forme de comédie appelée "comédie nouvelle" : ces pièces sont bâties autour d’une situation familiale associant amour, argent et quiproquos, et de types sociaux caricaturés et faciles à identifier : le père avare, la belle-mère acariâtre, etc.

Le théâtre médiéval

Alors que l’Église chrétienne a vivement combattu le théâtre au début du Moyen-Age, c'est elle, paradoxalement, qui le réanime en Europe sous la forme du "drame liturgique". Afin d'étendre son influence, elle réhabilite les fêtes, dont beaucoup s’apparentent au théâtre. Au Xe siècle, les offices religieux sont proches de représentations dramatiques. Durant les deux siècles suivants, le drame liturgique se développe à travers des épisodes tirés de la Bible, joués en latin dans les monastères puis dans les églises. De nombreux récits bibliques sont représentés. Ces pièces sont appelées "mystères" ou "miracles".
Peu à peu, le divertissement et le spectacle l'emportent sur le message religieux, et après plusieurs scandales, l’église choisit de déplacer la scène théâtrale sur les places de marché. Le théâtre s’oriente vers une forme de représentation plus indépendante de l'Eglise. Cette forme théâtral comporte divers jeux de troubadours et de jongleurs, récitant des monologues. Elle peut parfois se transformer en farces, subissant ainsi l'influence du théâtre d'origine italienne.
Le théâtre italien
Les innovations de la scène italienne ont laissé une empreinte importante sur le théâtre moderne : scène fixe, règle des trois unités, cinq actes. On redécouvre le théâtre antique et de la Poétique d’Aristote.
Tandis que l’élite apprécie les spectacles inspirés du théâtre antique, le grand public lui préfère la "Commedia dell’arte", forme de théâtre populaire fortement basé sur l’improvisation.
Héritières de plusieurs traditions du XVIe siècle, des troupes de comédiens créent des personnages typés (serviteurs comiques, vieillards, avocats, docteurs ridicules, amants, etc.). Ces mêmes personnages apparaissent dans des centaines de pièces bâties sur un canevas simpliste, qui fixe les grandes lignes, les entrées et les sorties, et certaines répliques classiques dévolues à chaque acteur. Dans ce cadre, les acteurs peuvent librement exécuter leurs jeux de scène et leurs morceaux de bravoure, appelés "lazzi". Les personnages de ce répertoire gagnent peu à peu toute l’Europe. Les troupes ne jouent plus seulement dans les rues, mais aussi devant les courtisans.
La commedia dell’arte atteint son apogée entre 1550 et 1650, et marque de son influence des formes de théâtre très diverses, depuis le théâtre de marionnettes turc jusqu’aux pièces de William Shakespeareet de Molière.

Le théâtre classique en France

Richelieu, Ministre de Louis XIII, veut faire émerger des auteurs prestigieux pour soigner l'image de la France à l'Etranger. C'est à lui qu'on doit la renaissance du théâtre au XVIIème siècle.
Le grand souci des théoriciens du classicisme est de se conformer aux gouts de l'aristocratie qui s'est lassée des excès et de la folie du baroque. Désormais, il faut faire preuve de mesure, de raison et d'ordre. On doit alors épurer l'action et atteindre la pureté des sentiments.
Pour ce faire, le Classicisme renoue avec le principe antique de la séparation des genres tragiques et comiques :


Comédie
Tragédie
Nb Actes
3 ou 5 actes
5 actes
lieu
Maison bourgeoise
Palais, ville antique
Epoque
Contemporaine du dramaturge (donc XVIIè)
Antiquité
Personnages
De tous les jours : bourgeois et leurs domestiques
Nobles, de haute lignée, de la mythologie
sujet
Vie quotidienne et sujets universels : mariage, amour, argent
Dilemmes : raison contre passion, honneur contre amour, etc.
dénouement
Heureux
Mort du héros
langage
Courant / en vers ou en prose
Soutnu / en vers => alexandrins
Fonctions
divertir bien sûr, mais également corriger les moeurs en critiquant les vices des hommes.
Purger les passions : c'est la CATHARSIS
Dramaturges célèbres
Molière
Racine, Corneille


Les théoriciens du Classicisme considère que le théâtre doit imiter la réalité afin que le public oublie qu'il est au spectacle. C'est la règle de vraisemblance : tout ce qui se joue sur scène doit être vraisemblable. Il convient également de ne pas choquer la sensibilité du public, c'est la règle de bienséance : toute action violente est bannie de la scène et les déclarations d'amour doivent rester décentes.
Les grands théoriciens du Classicisme s'inspirent d'Aristote pour édicter la règle des trois unités :
l'unité de temps (24 heures), l'unité de lieu (toute l'action doit se dérouler dans un lieu unique, un décor de palais par exemple pour une tragédie ou un intérieur bourgeois pour une comédie),l'unité d'action (tous les événements doivent être liés et nécessaires, de l'exposition jusqu'au dénouement de la pièce).


Au XVIIIème siècle, l'esprit des Lumières transforme les tragédies en drames bourgeois, écrits en prose, et qui rendent compte des aspirations et des valeurs bourgeoises. Selon Diderot, le théâtre doit désormais élever l'âme du spectateur : c'est une fonction moralisatrice.
La comédie, elle, se fait plus complexe : elle devient riche en rebondissements et en jeux de scène (importance des objets et des coups de théâtre notamment) avec Beaumarchais ; elle se fait aussi plus psychologique avec Marivaux qui explore les sentiments amoureux et l'âme humaine ; elle se nuance enfin d'un registre satirique et contestataire : dans L'île des esclaves, Marivaux inverse les rôles, les esclaves endossent le statut des maîtres et inversement ; dans La Colonie, les femmes prennent le pouvoir. I

Au XIX siècle, les romantiques entendent se libérer de toutes les contraintes édictées par les Classiques. Ils fusionnent en un seul genre la comédie et la tragédie, mélangent les registres, refusent la règle des trois unités et veulent choisir librement le vers ou la prose. Ils prônent la « liberté dans l'art » comme le proclame Victor Hugo dans la Préface de Cromwell (véritable traité sur le théâtre romantique). La Bataille d'Hernani reste un symbole de la lutte entre les adeptes du Classicisme et les Romantiques, elle se règle à coups de poingts, d'insultes et d'ordures jetées à la figure.

Le vaudeville voit le jour dans la deuxièle moitié du XIXème siècle : il s'agit de comédies de moeurs légères, sans intention morale ni psychologique, et qui reposent généralement sur des quiproquos. Ils mettent en scène des maris trompés, des femmes de mauvaise vie, des maîtresses abusées, etc. Eugène Labiche, Georges Courteline ou encore Georges Feydaud sont encore beaucoup joués aujourd'hui, leurs pièces traitant des thèmes toujours populaires.

Au XXème siècle, on assiste à un éclatement des formes traditionnelles du théâtre, les auteurs cherchent à explorer de nouveaux genres. Quelques tendances surgissent :
    x la réécriture de mythes antiques (Antigone d'Anouilh, La Machine Infernale de Cocteau, etc.)
    x le « Théâtre de l'Absurde », ou « Nouveau Théâtre » révèle l'idée d'un monde pessimiste, sans sans dieu, incompréhensible. La condition humaine étant tragique puisque l'homme ne vient au monde que pour mourir, les dramaturges mettent en scène une vie sans but, absurde, où même les mots perdent leur sens. Dérision et humour grinçant rythment ces pièces que l'on vient alors à qualifier de « farces tragiques ». Ionesco (La Cantatrice Chauve, Le Roi se meurt, Rhinocéros) et Beckett (En Attendant Godot) sont les représentants majeurs du théâtre de l'absurde.
    x le théâtre engagé permet de faire passer des idées politiques ou philosophiques. L'existentialisme de Sartre ou de la philosophie de l'absurde de Camus, sont par exemple explorés dans Huis-Clos, Les Justes, Caligula.

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