jeudi 30 mai 2013

Descriptif Définitif 1ères STI


Séquence I : Robert Merle, La Mort est mon métier, 1952

   Objet d'étude : Le personnage de roman, du XVIIème siècle à nos jours
Problématique : Comment un enfant docile et conformiste devient-il "le plus grand assassin des temps modernes" ?  
  
  
Lectures analytiques

  1. p. 9 à 12 : l'incipit
  2. p.181 à 186 : l'entretien avec le directeur de prison
  3. p.270 à 274 : la découverte du Cyclon B
  4. p.366 à 370 : l'excipit


 
  






Entretien
   Documents complémentaires :  
  • Préface à La Mort est mon métier, par Robert Merle
  • Comparaison de trois épisodes du roman :
    • L'épisode de l'enfant turc (p.93 « Trois chiens sortirent en trombe du village » à 96 « mes hommes me haïssaient »)
    • l'épisode de l'usine (p.124 (début de la page) à 129 « et j'entendis des pas qui s'éloignaient »)
    • l'aveu à Elsie (p.339 « j'ouvris la porte de mon bureau » à 345 « qui montait rapidement l'escalier »)
  • Film Le Ruban Blanc de Mickaël Hanecke (extraits) : points communs entre le film et le roman de Robert Merle, notamment sur la thèse des deux auteurs
  • G.T. Sur l'évolution du héros romanesque :
    • Arioste, Le Roland Furieux, Roland face à ses ennemis
    • Stendhal, La Chartreuse de Parme, Fabrice sur le champ de bataille
    • Camus, L'Etranger, incipit
Etudes :  
  • biographie de Robert Merle
  • biographie de Rudolf Hoess
  • Auschwitz et la Solution finale
  • L'évolution du héros romanesque
  • Le personnage de Rudolf : quelle est sa part de responsabilité selon Robert Merle ?
  • Le personnage de Rudolf : son étrange absence d'intériorité


Séquence II : Voltaire, Zadig ou la destinée, 1748

   Objet d'étude : La question de l'homme dans les genres de l'argumentation du XVIème siècle à nos jours  
Problématique : Comment Voltaire fait-il passer ses idées à travers un court récit plaisant ?   
      

Lectures analytiques

  1. « Le Chien et le cheval », de « Le Grand Veneur et le Premier Eunuque » à « ne point dire ce qu'il avait vu ».
  2. « Le Ministre » de « Il fit sentir à tout le monde » à la fin du chapitre
  3. « Le Bûcher » de « Il y avait alors dans l'Arabie » à la fin du chapitre

  4. La Fontaine, Fables, VII, 1 « Les Animaux Malades de la Peste »




   
Entretien
   Documents complémentaires :  
  • Zadig, L'épitre dédicatoire de Sadi à la Sultane Shéraa
  • Zadig, Chapitre 18 « L'Ermite » de « Tandis que le Babylonien parlait » à la fin du chapitre
  • 1 Rois 3,16-28 « Le Jugement du Roi Salomon »
  • Perrault, « Les Fées » in Contes de ma mère l'Oye
  • Perrault, « Préface aux contes en vers »
  • La Fontaine, « A Monseigneur Dauphin »
  • Film « Ridicule » de Patrice Leconte
Etudes :   
  • biographie de Voltaire
  • Le XVIIIème siècle en France, à l'époque de Voltaire
  • la coutume du sati en Inde
  • Les procédés de l'ironie voltairienne
  • Les stratégies argumentatives
  • Les types d'arguments les plus fréquents
  • Les thèmes de l'oeuvre
  • Intertextualité (références littéraires de Voltaire)




Séquence III : Sartre, Huis Clos, 1944

   Objet d'étude : le texte théâtral et sa représentation du XVIIème siècle à nos jours
   Problématique : Quelle représentation de l'enfer Sartre propose-t-il ?
      

Lectures analytiques

  1. La scène d'exposition, p.15 « Garcin, redevenant sérieux tout à coup » à p.18 « Il y a un couloir »
  2. La comédie des faux aveux, scène 5, p.38 « Garcin, brusquement à Inès » à p.42 « Le bourreau, c'est chacun de nous pour les deux autres ».
  3. La scène du miroir vivant, scène 5, p. 44 : « Monsieur, avez-vous un miroir ? » à p. 47 : « Que c'est agaçant, que c'est agaçant »
  4. Dénouement, scène 5, p. 93 « Il ne fera donc jamais nuit ? » à la fin


   





Entretien
   Activité complémentaire :  
  • Mise en scène de Huis-Clos par la Compagnie Instant
  • GT sur les écrits complémentaires de Sartre :
    • extrait radiophonique sur la genèse de Huis-Clos
    • L'Existentialisme est un humanisme : « l'existence précède l'essence »
  • GT sur l'évolution de la tragédie de l'Antiquité à nos jours :
    • Oedipe-Roi, Sophocle (extrait) : entretien avec Tirésisas
    • Phèdre, Racine (extrait) : aveu à Oenone, I,3 : « Mal mal vient de plus loin »
    • Antigone, Anouilh (extrait) : tirade du Choeur sur le « ressort bandé »   
Etudes :  
  • biographie de Sartre
  • histoire du théâtre de l'Antiquité à nos jours
  • les fonctions d'une scène d'exposition
  • les raisons de la mise en enfer des trois personnages
  • en quoi consiste l'enfer pour chacun des personnages
  • le caractère de chacun des personnages
  • la fonction des objets dans la pièce
  • Huis-Clos est-il une tragédie ?   

Séquence IV : Baudelaire, section « Spleen et Idéal », Les Fleurs du Mal, 1861

   Objet d'étude : écriture poétique et quête de sens, du Moyen-Age à nos jours  
Problématique : Quelles représentations du spleen et de l'idéal Baudelaire propose-t-il ?  

     
Lectures analytiques

  1. « Spleen IV »  (« Quand le ciel bas et lourd »)
  2. « Elévation »
  3. « L'Horloge »
  4. « L'Invitation au voyage »


      





Entretien
   Activités complémentaires :  
  • Comparaison avec des poèmes en prose de Baudelaire (in Le Spleen de Paris) :
    • « L'invitation au voyage »
    • « L'Horloge »
  • Autres poèmes de « Spleen » :
    • « Spleen » de Verlaine
    • « Spleen » de Jules Laforgues
  • Etude de tableaux en lien avec les poèmes :
    • Goya, Saturne dévorant son enfant
    • Vermeer, La leçon de musique
    • Munch, Le Cri
    • Friedrich, Voyageur contemplant une mer de nuages
    • Philippe Champaigne, Vanité ou allégorie de la vie humaine
  • Lecture cursive des poèmes de la section « Spleen et Idéal », avec identification des différentes images du spleen et de l'idéal.
   Etudes :  
  • biographie de Baudelaire
  • histoire de la poésie du Moyen-Age à nos jours
  • le procès des Fleurs du Mal
  • L'organisation du recueil et celles de la section « Spleen et Idéal »
  • les images du spleen et celles de l'idéal



Descriptif définitif 1ères ES


Séquence I : Robert Merle, La Mort est mon métier, 1952

Objet d'étude : Le personnage de roman, du XVIIème siècle à nos jours
Problématique : Comment un enfant docile et conformiste devient-il « le plus grand assassin des temps modernes » ?

     
Lectures analytiques

  1. p. 9 à 12 : l'incipit
  2. p.181 à 186 : l'entretien avec le directeur de prison
  3. p.270 à 274 : la découverte du Cyclon B
  4. p.366 à 370 : l'excipit







      



         
Entretien
Documents complémentaires :
  • Préface à La Mort est mon métier, par Robert Merle
  • Comparaison de trois épisodes du roman :
    • L'épisode de l'enfant turc (p.93 « Trois chiens sortirent en trombe du village » à 96 « mes hommes me haïssaient »)
    • l'épisode de l'usine (p.124 (début de la page) à 129 « et j'entendis des pas qui s'éloignaient »)
    • l'aveu à Elsie (p.339 « j'ouvris la porte de mon bureau » à 345 « qui montait rapidement l'escalier »)
  • G.T. « Mémoires de la Shoah » :
    • Primo Levi, Si c'est un homme, l'arrivée du train dans le camp
    • Primo Levi, Si c'est un homme, la démolition d'un homme
    • Robert Antelme, l'Espèce humaine, la hiérarchie dans les camps
    • George Perec, W ou le souvenir d'enfance, excipit (comparaison camp et W)
    • Lanzman, Shoah, témoignages de rescapés et anciens SS
    • Extraits des mémoires de Rudolf Hoess, in manuel d'Histoire
  • Film Le Ruban Blanc de Mickaël Hanecke (extraits) : points communs entre le film et le roman de Robert Merle, notamment sur la thèse des deux auteurs
  • Lecture(s) cursive(s) au choix : ...................................................... …......................................................................................................
  • Film cursif (facultatif) : …............................................................................................
Etudes :
  • biographie de Robert Merle
  • biographie de Rudolf Hoess
  • Auschwitz et la Solution finale
  • L'évolution du héros romanesque
  • Le personnage de Rudolf et la question de sa responsabilité
  • Le personnage de Rudolf et son absence d'intériorité

Séquence II : Voltaire, Zadig ou la destinée, 1748


   Objet d'étude : La question de l'homme dans les genres de l'argumentation du XVIème siècle à nos jours
   Problématique : Comment Voltaire fait-il passer ses idées à travers un court récit plaisant ?

   
Lectures analytiques

  1. « Le Chien et le cheval », de « Le Grand Veneur et le Premier Eunuque » à « ne point dire ce qu'il avait vu ».
  2. « Le Ministre » de « Il fit sentir à tout le monde » à la fin du chapitre
  3. « Le Bûcher » de « Il y avait alors dans l'Arabie » à la fin du chapitre
  4. « L'Ermite » de « Tandis que le Babylonien parlait » à la fin du chapitre


   




     

Entretien
Documents complémentaires :
  • Zadig, L'épitre dédicatoire de Sadi à la Sultane Shéraa
  • Zadig, Chapitre 1 : « le borgne »
  • 1 Rois 3,16-28 « Le Jugement du Roi Salomon »
  • La Fontaine, Fables, VII, 1 « Les Animaux Malades de la Peste »
  • Dumarsais, article « Philosophe » de l'encyclopédie
  • Voltaire, article « Fanatisme » du dictionnaire philosophique
  • Film Ridicule de Patrice Leconte
  • Lecture(s) cursive(s) au choix : ............................................................................................
    ......................................................................................................
  • Film cursif (facultatif) : …............................................................................................
Etudes : 
  • biographie de Voltaire
  • Le XVIIIème siècle en France, à l'époque de Voltaire
  • la coutume du sati en Inde
  • Les procédés de l'ironie voltairienne
  • Les stratégies argumentatives
  • Les types d'arguments les plus fréquents
  • Les thèmes de l'oeuvre
  • Intertextualité (références littéraires de Voltaire)
  • Avantages et Inconvénients de l'apologue pour faire passer des idées



Séquence III : Sartre, Huis Clos, 1944

   Objet d'étude : le texte théâtral et sa représentation du XVIIème siècle à nos jours
   Problématique : Quelle représentation de l'enfer Sartre propose-t-il ?


      
Lectures analytiques

  1. La scène d'exposition, p.15 « Garcin, redevenant sérieux tout à coup » à p.18 « Il y a un couloir »
  2. La comédie des faux aveux, scène 5, p.38 « Garcin, brusquement à Inès » à p.42 « Le bourreau, c'est chacun de nous pour les deux autres ».
  3. La scène du miroir vivant, scène 5, p. 44 : « Monsieur, avez-vous un miroir ? » à p. 47 : « Que c'est agaçant, que c'est agaçant »
  4. « Tu n'es rien d'autre que ta vie », scène 5, p.87 : « C'est à cause d'elle que je suis resté » à p. 91 « Je te tiens »
  5. Dénouement, scène 5, p. 93 « Il ne fera donc jamais nuit ? » à la fin
     


      







Entretien
Activités complémentaires :
  • Mise en scène de Huis-Clos par la Compagnie Instant
  • GT sur les écrits complémentaires de Sartre :
    • Les Mots (extrait)  : les terrasses su Luxembourg
    • extrait radiophonique sur la genèse de Huis-Clos
    • L'Existentialisme est un humanisme : « l'existence précède l'essence »
  • GT sur l'évolution de la tragédie de l'Antiquité à nos jours :
    • Oedipe-Roi, Sophocle (extrait) : entretien avec Tirésisas
    • Phèdre, Racine (extrait) : aveu à Oenone, I,3 : « Mal mal vient de plus loin »
    • Antigone, Anouilh (extrait) : tirade du Choeur sur le « ressort bandé »
    • Fin de Partie, Beckett (extrait) : scène d'exposition
  • Lecture(s) cursive(s) au choix : ......................................................
.....................................................................................................

Etudes :  
  • biographie de Sartre
  • histoire du théâtre de l'Antiquité à nos jours
  • les fonctions d'une scène d'exposition
  • les raisons de la mise en enfer des trois personnages
  • en quoi consiste l'enfer pour chacun des personnages
  • le caractère de chacun des personnages
  • la fonction des objets dans la pièce
  • Huis-Clos est-il une tragédie ?


Séquence IV : Baudelaire, section « Spleen et Idéal », Les Fleurs du Mal, 1861

   Objet d'étude : écriture poétique et quête de sens, du Moyen-Age à nos jours
   Problématique : Quelles représentations du spleen et de l'idéal Baudelaire propose-t-il ?  

     
Lectures analytiques

  1. « Spleen IV »  (« Quand le ciel bas et lourd »)
  2. « Elévation »
  3. « L'Horloge »
  4. « L'Invitation au voyage »


    



Entretien
Activités complémentaires :
  • Comparaison avec des poèmes en prose de Baudelaire (in Le Spleen de Paris) :
    • « L'invitation au voyage »
    • « L'Horloge »
  • Autres poèmes de « Spleen » :
    • « Spleen » de Verlaine
    • « Spleen » de Jules Laforgues
  • Etude de tableaux en lien avec les poèmes :
    • Goya, Saturne dévorant son enfant
    • Vermeer, La leçon de musique
    • Munch, Le Cri
    • Friedrich, Voyageur contemplant une mer de nuages
    • Philippe Champaigne, Vanité ou allégorie de la vie humaine
  • Lecture cursive des poèmes de la section « Spleen et Idéal », avec identification des différentes images du spleen et de l'idéal.  
Etudes :  
  • biographie de Baudelaire
  • histoire de la poésie du Moyen-Age à nos jours
  • le procès des Fleurs du Mal
  • L'organisation du recueil et celles de la section « Spleen et Idéal »
  • les images du spleen et celles de l'idéal



Séquence V : Blasons poétiques

   Objet d'étude : écriture poétique et quête de sens, du Moyen-Age à nos jours
   Problématique : Qu'expriment les poètes à travers les blasons poétiques ?
  
  
Lectures analytiques

    1) « Un hémisphère dans une chevelure », Baudelaire, Le Spleen de Paris, 1869
    2) « Yeux qui versez en l'âme », Ronsard, Le 2nd livre des sonnets pour Hélène, 1578
    3) « La Courbe de tes yeux », Eluard, Capitale de la douleur, 1926




     






Entretien
   Activités complémentaires :  
  • Comparaison de « Un Hémisphère... » avec « La Chevelure », Baudelaire (in Les Fleurs du Mal)
  • GT sur les blasons et contre-blasons :
    • Marot, « Eloge du beau tétin » et « Eloge du laid tétin », 1535 et 1536
    • Scarron : « Vous faites voir vos os »
    • Breton, « L'Union libre », 1931
    • Aragon, « Les yeux d'Elsa »,
  • Etude d'images : évolution de la représentation du corps de la femme dans la peinture, du Moyen-Age à nos jours, focus sur :
    • Botticelli, la Naissance de Vénus
    • Rubens, les Trois grâces
    • Ingres, Madame Moitessier
    • Manet, Le Balcon
    • Picasso, les Demoiselles d'Avignon
    • Warhol, Marilyn Monroe
   Etudes :  
  • Histoire du blason poétique
  • Les fonctions des blasons poétiques
  • Les représentations de la femme dans les blasons : femme-muse, femme-mère, femme-monde...
  • Les fonctions de la poésie  








Blasons : Documents complémentaires

Blason du beau tétin (extrait)
Tétin refait, plus blanc qu'un oeuf,
Tétin de satin blanc tout neuf,
Toi qui fais honte à la rose,
Tétin plus beau que nulle chose,
Tétin dur, non pas tétin voire
Mais petite boule d'ivoire
Au milieu duquel est assise
Une fraise ou une cerise
Que nul ne voit, ne touche aussi,
Mais je gage qu'il en est ainsi.
Tétin donc au petit bout rouge,
Tétin qui jamais ne se bouge,
Soit pour venir, soit pour aller,
Soit pour courir, soit pour baller,
Tétin gauche, tétin mignon,
Toujours loin de son compagnon,
Tétin qui portes témoignage
Du demeurant du personnage,
Quand on te voit, il vient à maints
Une envie dedans les mains
De te tâter, de te tenir :
Mais il se faut bien contenir
D'en approcher, bon gré ma vie,
Car il viendrait une autre envie.
Ô tétin, ni grand ni petit,
Tétin mûr, tétin d'appétit,
Tétin qui nuit et jour criez
« Mariez moi tôt, mariez ! »
Tétin qui t'enfles, et repousses
Ton gorgias de deux bons pouces :
A bon droit heureux on dira
Celui qui de lait t'emplira,
Faisant d'un tétin de pucelle,
Tétin de femme entière et belle.

(1) refait : nouvellement formé
(2) voire : qui n'est pas, à vrai dire, un tétin
(3) baller : danser
(4) demeurant : de tout le reste de la personne
(5) trois syllabes
(6) décolleté, haut de la robe, corsage

Blason du du Laid Tétin

Tétin qui n’as rien que la peau,
Tétin flac, tétin de drapeau,
Grand’tétine, longue tétasse,
Tétin, dois-je dire: besace ?
Tétin au grand bout noir
Comme celui d’un entonnoir,
Tétin qui brimballe à tous coups,
Sans être ébranlé ne secous.
Bien se peut vanter qui te tâte
D’avoir mis la main à la pâte.
Tétin grillé, tétin pendant,
Tétin flétri, tétin rendant
Vilaine bourbe en lieu de lait,
Le Diable te fit bien si laid !
Tétin pour tripe réputé,
Tétin, ce cuidé-je, emprunté
Ou dérobé en quelque sorte
De quelque vieille chèvre morte.
Tétin propre pour en Enfer
Nourrir l’enfant de Lucifer ;
Tétin, boyau long d’une gaule,
Tétasse à jeter sur l’épaule
Pour faire – tout bien compassé -
Un chaperon du temps passé,
Quand on te voit, il vient à maints
Une envie dedans les mains
De te prendre avec des gants doubles,
Pour en donner cinq ou six couples
De soufflets sur le nez de celle
Qui te cache sous son aisselle.
Va, grand vilain tétin puant,
Tu fournirais bien en suant
De civettes et de parfum
Pour faire cent mille défunts.
Tétin de laideur dépiteuse,
Tétin dont Nature est honteuse,
Tétin, des vilains le plus brave,
Tétin dont le bout toujours bave,
Tétin fait de poix et de glu,
Bren, ma plume, n’en parlez plus !
Laissez-le là, ventre saint George,
Vous me feriez rendre ma gorge.

Vous faites voir des os quand vous riez, Hélène,
Dont les uns sont entiers et ne sont guère blancs ;
Les autres, des fragments noirs comme de l'ébène
Et tous, entiers ou non, cariez et tremblants.

Comme dans la gencive ils ne tiennent qu'à peine
Et que vous éclatez à vous rompre les flancs,
Non seulement la toux, mais votre seule haleine
Peut les mettre à vos pieds, déchaussez et sanglants.

Ne vous mêlez donc plus du métier de rieuse ;
Fréquentez les convois et devenez pleureuse :
D'un si fidèle avis faites votre profit.

Mais vous riez encore et vous branlez la teste !
Riez tout votre soul, riez, vilaine bête :
Pourvu que vous creviez de rire, il me suffit.
Paul Scarron (1610-1660)
L'Union Libre
Ma femme à la chevelure de feu de bois
Aux pensées d'éclairs de chaleur
A la taille de sablier
Ma femme à la taille de loutre entre les dents du tigre
Ma femme à la bouche de cocarde et de bouquet d'étoiles de
dernière grandeur
Aux dents d'empreintes de souris blanche sur la terre blanche
A la langue d'ambre et de verre frottés
Ma femme à la langue d'hostie poignardée
A la langue de poupée qui ouvre et ferme les yeux
A la langue de pierre incroyable
Ma femme aux cils de bâtons d'écriture d'enfant
Aux sourcils de bord de nid d'hirondelle
Ma femme aux tempes d'ardoise de toit de serre
Et de buée aux vitres
Ma femme aux épaules de champagne
Et de fontaine à têtes de dauphins sous la glace
Ma femme aux poignets d'allumettes
Ma femme aux doigts de hasard et d'as de coeur
Aux doigts de foin coupé
Ma femme aux aisselles de martre et de fênes
De nuit de la Saint-Jean
De troène et de nid de scalares
Aux bras d'écume de mer et d'écluse
Et de mélange du blé et du moulin
Ma femme aux jambes de fusée
Aux mouvements d'horlogerie et de désespoir
Ma femme aux mollets de moelle de sureau
Ma femme aux pieds d'initiales
Aux pieds de trousseaux de clés aux pieds de calfats qui boivent
Ma femme au cou d'orge imperlé
Ma femme à la gorge de Val d'or
De rendez-vous dans le lit même du torrent
Aux seins de nuit
Ma femme aux seins de taupinière marine
Ma femme aux seins de creuset du rubis
Aux seins de spectre de la rose sous la rosée
Ma femme au ventre de dépliement d'éventail des jours
Au ventre de griffe géante
Ma femme au dos d'oiseau qui fuit vertical
Au dos de vif-argent
Au dos de lumière
A la nuque de pierre roulée et de craie mouillée
Et de chute d'un verre dans lequel on vient de boire
Ma femme aux hanches de nacelle
Aux hanches de lustre et de pennes de flèche
Et de tiges de plumes de paon blanc
De balance insensible
Ma femme aux fesses de grès et d'amiante
Ma femme aux fesses de dos de cygne
Ma femme aux fesses de printemps
Au sexe de glaïeul
Ma femme au sexe de placer et d'ornithorynque
Ma femme au sexe d'algue et de bonbons anciens
Ma femme au sexe de miroir
Ma femme aux yeux pleins de larmes
Aux yeux de panoplie violette et d'aiguille aimantée
Ma femme aux yeux de savane
Ma femme aux yeux d'eau pour boire en prison
Ma femme aux yeux de bois toujours sous la hache
Aux yeux de niveau d'eau de niveau d'air de terre et de feu
 
André Breton (1896-1966), extrait de Clair de terre,1931
Les Yeux d'Elsa

Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire

À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé
Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
L'été taille la nue au tablier des anges
Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés

Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit
Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie
Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure

Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée
Sept glaives ont percé le prisme des couleurs
Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs
L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé

Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
Par où se reproduit le miracle des Rois
Lorsque le coeur battant ils virent tous les trois
Le manteau de Marie accroché dans la crèche

Une bouche suffit au mois de Mai des mots
Pour toutes les chansons et pour tous les hélas
Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres
Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux

L'enfant accaparé par les belles images
Écarquille les siens moins démesurément
Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages

Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
Des insectes défont leurs amours violentes
Je suis pris au filet des étoiles filantes
Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août

J'ai retiré ce radium de la pechblende
Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
Ô paradis cent fois retrouvé reperdu
Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes

Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa

Louis Aragon, Extrait de "Les Yeux d'Elsa"

LA3 : "La Courbe de tes yeux", Eluard


LA n°3 : Eluard, La courbe de tes yeux, 1926

Paul Eluard (1895-1952), de son vrai nom Eugène Grindel, est une figure majeure du surréalisme, et grand ami d'André Breton, chef de fil de ce mouvement du début du Xxème siècle. Le surréalisme est un mouvement cherchant à libérer la pensée de toutes les règles imposées, pour atteindre la création totale, l'imagination pure ; il tente de laisser s'exprimer l'inconscient, de faire surgir des images qui révéleraient une réalité vraie et non travestie par une volonté quelconque. Dans son premier recueil, Capitale de la douleur, Eluard fait part de sa souffrance existentielle, la tonalité d'ensemble y est sombre ; cependant, dans la fin du recueil, les poèmes sont plus optimistes. « La Courbe de tes yeux » est l'avant-dernier poème du recueil. Il est inspiré par Gala, son épouse, pour qui le poète éprouve une véritable passion. [Pour la petite histoire : elle est déjà à ce moment-là la maîtresse de Max Ernst, un autre poète surréaliste et ami d'Eluard – ils vivent ensemble tous les trois – et elle quittera Eluard trois ans plus tard pour épouser un autre surréaliste, peintre cette fois, le Dali aux superbes moustaches ; mais Eluard se consolera avec la belle Nusch, qu'il épousera en secondes noces et qui lui inspirera également de beaux poèmes d'amour...].

On remarque que ce poème est une célébration de la femme aimée, qui se lit à trois niveaux : éloge des yeux, idéalisation de la femme, célébration de la femme-déesse.
  1. Un blason lyrique

    1. Un blason
  • évocation des « yeux » v.1, v.5 et v.14, et des « regards » v.15 + « yeux » à la césure du v.1 => importants
  • Les yeux = métonymie de la femme aimée (« tes » marque une intimité avec la femme)
  • Longue litanies de métaphores représentant les yeux (vertu des yeux) => le poème leur est entièrement consacré
  • Une possible description de ces yeux, visible dans les métaphores : « feuille » v.6 et « bateaux » v.9 suggèrent la forme des yeux ; « roseaux » v.7 pourrait être assimilé aux cils et « ailes » v.8 aux paupières, quant à « mousse de rosée » v.6, elle suggérerait l'humidité des yeux...
  • Mais description physique peu convaincante, puisqu'elle n'apprend absolument rien ni de la forme, ni de la couleur => les images révèlent autre chose de la femme aimée. 

    1. Un poème lyrique
  • Présence du poète : dès le 1er vers « mon », puis « je ».
  • Toujours intimement lié à un « tu » :
    • v.1, les yeux enlacent le cœur du poète : double métonymie (« yeux » = femme aimée » ; « cœur » = siège de l'amour du poète) ;
    • v.15, le sang du poète coule dans les yeux : de nouveau double métonymie (« sang » = élément vitale du poète ; « regards » = femme aimée)
    • ce parallélisme entre le 1er et le dernier vers est accentué par le reprise du son [ou] dans les deux actions : « fait le tour » / « coule » + la proximité de sens entre les deux.
  • Grande musicalité du poème : non seulement rimes, mais nombreux échos de sonorités dans le poème : l'article « de » et ses variantes « du », « de la », « d' », « des » associé à des mots contenant le son [d] (« danse », « douceur », « monde », « dépend ») => allitération en [d] tout au long du poème ; assonance en [ou] ; allitération en [r], etc.
     
  1. Qui célèbre la femme aimée
    1. Une femme idéalisée
  • Elle incarne la douceur :
    • « douceur » v.2 « mousse » v. 6
    • allitération en [s] v.2 et 3 (« danse, douceur, berceau, sûr »)
    • champ lexical de légèreté : « feuilles », « roseau », « vent », « ailes », « ciel » (gradation vers le haut, sorte d'élévation baudelairienne)
    • Mouvements courbes tout au long du poème = formes lié à la femme, à la mère, à la douceur
    • Assonance en [ou] tout au long du poème => diffuse cette douceur
  • Elle est un refuge :
    • lexique de l'enlacement, de la protection maternelle : « fait le tour » v.1, « berceau » v.3, « couvrant » v.8, « couvée »v.11
    • métaphore « chasseurs de bruits » v.10 = elle est l'apaisement, le cocon de silence
    • métaphore « berceau nocturne et sûr » v. 3 : malgré l'obscurité, le poète se sent en sécurité ; le « et » a fonction d'opposition ici, il faut comprendre : « nocturne mais sûr ».
  • Elle est la joie : « danse » v.2, « sourires » v.7, « couleurs » v.10
  • Noter la rupture de rythme au v.2 =>seul vers du poème à être en octosyllabe (v. 1, 3, 4 en alexandrins et les autres en décasyllabes) => importance de ce vers qui concentre l'essentiel de la femme aimée : « rond », « danse », « douceur ».
     
    1. Qui transfigure le monde du poète
  • elle bouleverse sa vie :
    • avant elle, le poète ne vivait pas vraiment, comme le montre la double négation v. 4 et 5  (« je ne sais plus » // « tes yeux ne m'ont pas »)
    • les deux mots à la rime : « vécu » et « vu », comme si le premier dépendait du 2è
    • changement de rythme à partir du v.5 => on passe au décasyllabe, comme si l'arrivée de Gala bouleversait la vie du poète.
    • Les deux éléments vitaux du poète « coeur » et « sang » dépendent des yeux.
  • elle apporte la lumière : « auréole » v.3, « jour » v.6, « lumière » v.8, « ciel » v.9, « aurore » v.11, « astres » v.12 + tous les sons associés au [r] de la lumière : « coeur », « douceur », « sûr », « lumière », « mer », « couleurs », « aurore », purs », « regards » + elle transfigure le monde en le « couvrant […] de lumière » v.8
  • elle met de la couleur : « feuilles, mousse et roseau » suggèrent le vert, « rosée », le rose (= paronomase, rapprochement de sonorités), « ciel et mer », le bleu , tout cela est rassemblé dans le terme générique « couleurs » v.10
  • elle est source d'inspiration poétique, elle est une muse :
    • elle est associée à tout un lexique poétique, à des images évoquant la nature et la beauté naturelle du monde (2ème strophe notamment) ;
    • elle fait naître des associations surprenantes : « ailes couvrant le monde de lumière », « parfums éclos d'une couvée d'aurore », « le jour dépend de l'innocence » ;
    • elle impulse le mouvement : « tour » et « danse », mais aussi l'image des « bateaux » ou des « ailes » qui donnent une impression de voyage , ou encore le « berceau » v.3 ou le « vent » v.7 qui suggèrent le balancement.
  1. Et lui donne une dimension cosmique
    1. Elle crée un monde nouveau

  • elle naître le monde :
    • champ lexical de la naissance : « berceau », « éclos », « couvée » ; « aurore » comme le début de la journée
    • elle est montrée comme Mère Nature v.6 et 7 (« feuilles », « mousse », « rosée », « roseaux », « vent », « monde », « ciel », « mer ») ; on peut voir la forme des yeux dans ces éléments de la nature (voir I.1, la description des yeux)
    • métaphore des yeux « sources » v.10, donc au commencement de tout.
    • elle contient le tout (« ciel » et « terre ») ; elle surplombe « le monde » v.8
    • elle unifie les quatre éléments, eau, terre, air, feu : « vent » et « ciel », « mer » et « rosée », « lumière », « monde »
    • Répétition du verbe « dépend » v.13 et 14 , mettant en évidence l'importance des yeux sur le reste du monde.
    • Hyperbole du « monde entier » v.14 qui n'existe qu'à travers le regard de la femme.
  • elle est l'harmonie :
    • harmonie des sonorités à l'intérieur des vers : « courbe » > « tour » v.1, « danse » > « douceur » v.2, « rosées » > « roseaux » v.6 et 7 ;
    • harmonie des sens : « parfumés » et « parfums », synesthésie «  sourires parfumés » ;
    • alliance des contraires : « berceau nocturne » v.2 et «feuille de jour » v.6 ;
    • elle équilibre les vers : nombreux sont ceux qui sont coupés à la césure (v.1, 3, 4, 7,etc.)

    1. Elle est sacralisée
  • elle est purificatrice : références à l'eau (élément symboliquement purificateur) : « rosée », « mer », « sources », « coule » + nombreuses liquides : [l] (v.8 : « ailes », « le », « lumière »)  , et surtout [r] (v.1 par exemple : « tour », « courbe », « coeur », mais ce son est récurrent tout au long du poème) ; elle porte la pureté et l'innocence v.13 et 14 ;
  • elle est sacrée : lexique religieux qui associe la femme aimée à une déesse : « auréole » ; élevée au rang des « astres » v.12 ; elle est assimilée à un personnage sacré et pur (la Vierge) à travers la référence à l'éclosion et la paille v.11 et 12
  • elle donne accès à l'infini :
    • circularité du poème, lexique du cercle (forme parfaite) dans la 1ère strophe : « tour », « rond », « auréole »
    • elle contient l'immensité : métaphore des bateaux chargés « du ciel et de la mer » v.9
    • elle auréole le « temps » v.3, à lier à l'adverbe « toujours » v.12 : comme si elle existait de toute éternité,
    • elle va du petit à l'infini : gradation dans les éléments nommés : de la feuille et de la mousse v. 6, au ciel et à la mer v.9, jusqu'aux « astres » v.12